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 [Histoire] Errant

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Revahn
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MessageSujet: [Histoire] Errant   [Histoire] Errant Icon_minitimeDim 27 Juin - 0:16

Voici le prologue d'une petite histoire que j'ai écrite il n'y a pas longtemps, puis améliorée au fil du temps. Je voulais connaître vos premiers avis et premières impressions, vu que c'est la première histoire vraiment sérieuse que j'ai pu écrire...
Bref, voici le prologue, dont j'ai compté 149 lignes (89 j'crois sur ce post) sur OpenOffice...

[Histoire] Errant Errant-1e0670e


Prologue


Il fallut des semaines à la troupe pour atteindre leur destination: un petit village perdu au milieu des montagnes. À ses devants, Garn, leur chef pour cette mission, ruminait de sombres pensées.
-Une urgence, avait dit son supérieur, alors qu'il était encore au quartier général, ces bêtes sauvages terrorisent les villageois, puis ça vous fera dégourdir les jambes, après tous ces jours de repos!
Il l'avait ensuite congédié, ignorant toutes ses réclamations.
Jurant dans sa barbe de trois jours, Garn fit faire une pause à son groupe, une vingtaine de soldats de la milice.
Garn n'aimait pas sa profession. en ces heures de paix, le devoir de la milice consistait à patrouiller sur les routes et villages, ces derniers ayant eu la manie de les appeler au moindre «signe» étrange. Le devoir de Garn était donc de marcher sans arrêt sur toute la moitié nord du Jeldarii. La milice ayant oublié toute idée de menace ou de discipline, presque tous les soldats étaient venus avec, pour seul signe de leur profession, leur épée, oubliant armure et bouclier, si on exceptait Garn qui portait un haubert et un autre milicien, qui était couvert de son armure.
-Si j'avais su qu'il faudrait marcher autant, j'aurais évité d'amener mon uniforme complet! maugréa l'un d'eux à côté de lui.
Garn approuva d'un signe de tête en voyant celui-ci souffler comme un buffle.
-Je t'avais pourtant prévenu que la route serait longue...
-...Mais pas qu'on traverserait des chemins boueux, des forêts, des collines, des montagnes et j'en passe! Ce n'est pas pratique de traverser une rivière avec des bottes en métal. Et surtout j'ai cette...
-Arrête de te plaindre, Jodd, il ne nous reste seulement que deux heures de marche avant d'atteindre le village, rétorqua Danea, l'une des seules femmes du groupe.
- «Seulement»? Oh, tu me rassures...
Et ils poursuivirent leur route sous les remarques cyniques et les jurons répétés du guerrier en armure, Jodd.
Ils arrivèrent alors que le soleil se couchait, et furent accueillis par plusieurs dizaines de villageois armés de fourches, de pelles et de couteaux.
-Quel accueil... est-ce si grave que cela? demanda discrètement Danea à Garn.
-On m'a parlé de bêtes sauvages, rien de plus... répondit-il.
Alors qu'il fut bien évident pour les villageois qu'il s'agissait de l'aide qu'ils avaient demandé, ceux-ci s'éparpillèrent petit à petit, et retournèrent à leurs occupations.
-Est-ce là l'accueil que vous offrez à vos protecteurs? dit Garn devant celui qui semblait être le chef du village.
-Les démons nous menacent! Six de nos gars sont morts à cause de cette créature, et nous serons les suivants si vous faites rien!
-Les... démons? répéta la femme du groupe, incrédule.
Les soldats se regardèrent entre eux, certains inquiets, d'autres pliés de rire.
-Oui, m'dame! répondit un vieil homme, des démons, avec des yeux sombres comme les Enfers d'où il viennent! Mais j'pensais qu'on nous prendrait au sérieux, pour une fois!
-Très bien. Merci de nous avoir prévenu, dit Garn afin de couper court aux rires de ses compagnons. Venez, dit-il au groupe en faisant un signe de la main.
Ils se regroupèrent autour de leur chef.
-Il ne doit s'agir que d'un groupe de bandits, même si ça m'étonne qu'ils travaillent par ici...
Il réfléchit quelques secondes et ajouta:
-Pour une fois qu'il y a un peu d'action, on ne va pas s'en priver, hein? On partira demain à leur recherche, ils ne doivent pas être loin.
-Et si ce qu'ils racontent était vrai? rétorqua Jodd, qui enlevait son heaume. Après tout, nous sommes proches de la frontière, et si ce sont vraiment des Valkreds, selon les livres, ils sont aussi grands que deux hommes et sont bâtis tout en muscle, avec des crocs acérés... Et on ne sait même pas combien ils sont! Ou pire, cela pourrait être un Arehn...
Il ne s'empêcher un frisson en évoquant ces créatures squelettiques pratiquant la nécromancie.
-Ne t'inquiète pas, ce ne peut être que des bandits, ou, au pire, des animaux sauvages...
-Z'avez l'air sûrs de vous, dit une voix non loin d'eux.
C'était un des habitants du village, un homme dans la fleur de l'âge, avec un arc et un carquois dans le dos.
-Allons, si ça se trouve ce ne sont peut-être même pas des démons... répondit Jodd tout en enlevant son haubert.
-Ça s'voit que vous nous prenez pas au sérieux. J'ai réussi à fuir ces monstres, mais je suis revenu après pour voir ce qu'il restait des morts, et ce n'était pas très beau à voir: si vous aviez vu les cadavres en décomposition, à moitié rongés par...
-Ça suffit, coupa Garn. Nous irons tuer les coupables, un point c'est tout.
-Ou pas, répondit le villageois en haussant les épaules. Quoi qu'il en soit, on m'a choisi pour vous guider là où a eu lieu le carnage.
Il partit en laissant la troupe dans un lourd silence.
-Ah! Enfin libre! dit Jodd quand il enleva ses bottes en fer qui commençaient déjà à rouiller. Je me sens déjà plus léger!
-Alors, que faisons nous? demanda la milicienne.
-Je pense que c'est évident: nous partons à leur recherche dès demain, nous les tuons, et nous amenons une preuve de nos exploits au quartier général, répondit Garn, en posant ses affaire par terre.
-A nous la gloire... dit Jodd, non sans ironie.


Ils se levèrent avant le soleil, et, le temps de prendre un repas léger, partirent aussitôt dans la forêt, guidé par le villageois qui avait survécu aux démons. Ils arrivèrent au lieu du carnage. Il restait peu de choses des six hommes: quelques os éparpillés par les animaux de la forêt jonchaient le sol. «Ils ne sont même pas allé récupérer leurs cadavres, tant ils avaient peur d'y retourner...» comprit Garn avec dégoût.
-Là, une trace! cria Jodd, en s'accroupissant. Il y a même encore du sang!
En effet, sur la terre, des traces sombres se formaient. Lorsque Jodd voulut toucher ces marques, il retira vivement sa main, et, la regardant, constata avec étonnement qu'il avait reçu une brûlure.
-Ce sang n'est pas celui d'une créature ordinaire, mais, au moins, c'est gravement blessé vu la quantité de sang perdu.
Ils suivirent la piste pendant quelques heures, jusqu'à ce qu'ils fassent une pause dans une petite clairière près d'un ruisseau.
-Je pense que ça ne sert à rien de chercher, se plaint Jodd, après tout, nous suivons la trace que d'une seule créature, je n'ai vu des traces de pas que pour une personne...
-Nous n'arrêterons pas les recherches avant de l'avoir trouvé, alors: s'il est seul, ou même mort, c'est encore mieux, nous pourrons dire que nous les avons tous tués, sans même combattre!
-Comme tu voudras, chef... répondit-il en soupirant.
Ils continuèrent jusqu'en soirée, lorsqu'ils aperçurent un homme, assis par terre, la tête baissée. Du sang séché maculait son corps et le sol autour de lui.
-Pour un créature démoniaque, il n'a pas l'air bien en forme, remarqua Jodd. Et c'est lui qui a tué six hommes à mains nues?
En effet, l'homme n'avait pas fière allure: il portait des vêtements déchirés, et le sang tout autour de lui laissait suggérer qu'il était proche de la mort, mais il était loin d'être la créature massive que s'imaginait la troupe. Une dague étrange gravée d'une écriture étrange était posée à côté de lui. Mais ce qui était le plus étrange était ses proéminences placées sur son front, et sa peau très mate prouvait qu'il n'avait rien d'un être humain.
-Comment a t-il pu aller aussi loin avec des blessures pareilles? dit la femme du groupe, une pointe de pitié dans la voix.
Sans doute à cause des bruits de pas, l'homme se réveilla et leva la tête. Les soldats s'arrêtèrent brusquement, regardant avec effroi ses yeux à présent ouverts, entièrement noirs. Il se leva, et prit l'arme.
-Halte-là! cria Garn lorsqu'il sortit de sa torpeur.
La créature ne l'écouta pas et courut dans les arbres. La vitesse à laquelle il courrait les surprit, mais le villageois qui les avait guidé avait armé son arc et s'apprêtait à tirer. La flèche ne toucha pas sa cible, de peu, mais le démon se retourna et regarda son assaillant d'un regard glacial et sévère, de ses yeux entièrement noirs, qui figea toute la compagnie, l'empêchant de réagir immédiatement.
Puis il s'enfuit, dans les ténèbres grandissantes de la nuit tombante. La troupe ne prit pas la peine de le poursuivre, tant il courrait vite.
-Il n'était pas blessé, ou en tous cas il ne l'est plus... dit Garn en s'approchant du lieu où était assis le démon. Il vit un nombre impressionnant d'insectes morts tout autour de la flaque de sang.
-Devrons-nous le traquer? demanda Jodd, en rangeant son épée.
-Faisons le camp ici, mais demain, nous repartirons à sa recherche. Il ne s'en tirera pas comme ça.

Mise à jour du 17/02/2011



Dernière édition par Revak le Jeu 17 Fév - 21:05, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [Histoire] Errant   [Histoire] Errant Icon_minitimeSam 17 Juil - 22:01

Premier chapitre




Éliana Eowel se leva avant le soleil, réveillée et légèrement transie par le froid. De nombreux trous et cailloux, sur la route, faisaient trembler la grande caravane de transport dans laquelle elle avait dormi. Sa mère, à côté d'elle, lui tendait une tasse de thé fumant.
-Bonjour. Bien dormi?
Eliana répondit par un grognement incompréhensible, qui arracha un sourire à sa mère. La fille se redressa et s'assit sur le côté du petit lit sur lequel elle s'était endormie, et prit la tasse en hochant la tête en guise de remerciement.
Elle but un peu, puis regarda sa mère.
-Où sommes-nous maintenant?
-Nous avons parcouru une bonne partie du chemin, lui répondit-elle après avoir longuement baillé. Nous approchons de la Brume. Nous ne devrions plus tarder à arriver à Rimogenn.
L'évocation de cette ville fit soupirer Éliana de soulagement.
-C'est pas trop tôt! Je n'aime pas le froid.
Cela faisait longtemps qu'elle voulait voir cette cité, très connue pour le lac du même nom dont les eaux sont étonnamment et agréablement chaudes en comparaison du froid ambiant et dont la région alentour est, raconte-t-on, constamment couverte d'une étrange brume épaisse.
après avoir bu, elle posa sa tasse sur sa table de nuit, s'étira, et regarda par une petite fenêtre de la grande caravane marchande. Le temps était gris, comme toujours depuis leur arrivée dans le nord du Jeldarii, mais il ne pleuvait pas. Elle se dirigea donc vers l'avant de cette dernière, là où son père dirigeait les chevaux, son habituelle pipe coincée entre ses dents.
-Bonjour, père...
Zythar Eowel se retourna et sourit en voyant sa jeune fille.
-Bonjour, Éliana, bien dormi?
Cette dernière soupira, et Zythar rit de bon coeur.
-Allons, nous ne devrions plus tarder à voir cette satanée ville, comme tu le souhaitais!
Cette phrase égailla Éliana qui était pourtant d'un naturel bougon. Elle retourna dans la caravane et s'assit tranquillement devant un miroir afin de se coiffer, impatiente d'arriver.


Quelques heures plus tard, une brume épaisse fit petit à petit son apparition; ils étaient presque arrivés.
Rimogenn, afin de se faire repérer, possédait un immense phare que n'importe quel voyageur pouvait trouver à travers la Brume, même aussi loin qu'étaient les caravanes marchandes de Zythar. Cependant, l'hiver, la Brume disparaissait, révélant une région de marécages triste et plate.
Ainsi, aucun voyageur ne pouvait se perdre dans les environs de la cité, même s'il ne suivait pas la route. Mais le problème résidait surtout dans les attaques de groupes de hors-la-loi, qui étaient nombreux et profitaient de la discrétion donnée par la brume, d'autant plus que la ville était très fréquentée des hommes riches cherchant à profiter des bains relaxants du lac et des marchands, attirés par la ville comme un prédateur par sa proie.
C'est ainsi que les trois caravanes de la famille Eowel, une riche famille marchande, suivaient la route vers la cité, accompagnés de quelques gardes mercenaires qui les flanquaient sur les côtés et à l'arrière des véhicules.
Zythar espérait que cette protection suffirait. Il n'était pas homme à manquer de courage, et n'avait pas hésité à aller à Rimogenn, la cité la plus lucrative du pays, avec trois caravanes remplies de tissus soyeux, de vêtements et de sa famille: sa femme et sa fille. Mais il avait beau être un homme riche, il n'hésitait pas à accompagner ses hommes lors de ses convois de tissus qui allaient vers le nord, ce qui pouvait lui rapporter énormément.
Cependant, on l'avait incité à la prudence, lui racontant que le nord était victime de nombreuses escarmouches avec des groupes de hors-la-loi...
Il avait envoyé des éclaireurs afin d'essayer de prévenir toute attaque, mais il savait que les brigands de la région n'étaient pas des idiots, et qu'ils ne tarderaient pas à arriver. Mais maintenant, il ne pouvait qu'avancer, en priant pour passer inaperçu.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva.


-Aerik! Le convoi approche, et il devrait arriver dans quelques minutes. Il n'est escorté que par quelques mercenaires... Mais il y a plus intéressant.
Aerik leva une oreille, intrigué par ce qui pouvait être plus intéressant que deux caravanes de marchandises.
-La famille est au complet dans la caravane de transport, dont une jeune femme et sa mère, sans doute. Je crois qu'elles devraient te plaire...
Aerik ne put s'empêcher de ricaner. En tant que hors-la-loi, il avait rarement le droit de s'amuser, alors trouver deux femmes, correctes qui plus est, dans la même caravane... Sans parler des servantes qui doivent les accompagner!
De plus, les marchands se montraient de plus en plus prudents, évitant la route et s'escortant avec de plus en plus de mercenaires. Ces derniers temps, ses hommes et lui n'avaient pas eu de chance, ayant perdu de nombreux hommes dans ce qui ne devait être que de simples embuscades. De plus, les caisses se vidaient, et l'hiver était proche.
Oui, ces caravanes allaient les ravitailler, et juste à temps.
-Jagen, je suis de plus en plus impatient de le voir, ce convoi!


Sur le chemin pavé, une étrange forme gisait, à quelques pas de la première caravane.
-Halte! Vous deux, venez avec moi.
Le capitaine des mercenaires avança vers ce qui se révéla être un cadavre. Étendu sur le dos, il ne pouvait pas bien le voir, mais il reconnaissait facilement l'uniforme de sa troupe.
Quelques longues secondes passèrent, parmi lesquelles l'homme ne bougeait pas. Il entendit le bruit des flèches transperçant l'air, puis des cris juste derrière lui. Il se retourna vivement et vit les deux hommes qui l'avaient accompagné, chacun portant une flèche précisément plantée dans le cœur.
Il courut en direction des caravanes et de ses hommes, criant pour donner l'alerte, mais il était déjà trop tard: ses hommes se faisaient tuer dans un vol de flèches. Le capitaine observait toute la scène, mais n'était pourtant la cible de personne. Il entendit un bruit derrière lui, celui de pas sur les pavés de la route. Il se retourna vivement et dégaina son épée, mais n'eut pas le temps de parer que sa tête se détacha de son corps, corps qui mit quelques lentes secondes avant de s'écrouler sur lui-même.


Éliana entendit du bruit, dehors. Curieuse, elle se leva et alla voir son père, ouvrant la portière qui menait à là où il conduisait les chevaux.
-Père? Quel est tout ce bruit, de...
Elle se tut subitement, voyant que son père haletait de douleur. Elle se pencha pour mieux le voir et remarqua la flèche qui dépassait de son corps. Elle laissa échapper un petit cri de terreur, et tenta de trouver de l'aide à l'intérieur de la caravane. Mais soudain, la portière s'ouvrit, laissant entrer de nombreux hommes, tous vêtus de gris. Chacun portait un arc en bandoulière et une dague ou une épée courte dans la main.
Éliana étouffa un cri mais réagit immédiatement en retournant auprès de son père. Ne voyant d'autre issue, elle sauta de la caravane et tenta de courir, mais, portant une longue robe jaune et parée de bijoux brillants, elle n'avait aucun espoir de passer inaperçu.
Elle se prit les pieds dans sa robe qui se déchira et tomba. Elle entendit un des bandits qui s'approchait d'elle, et se sentit attrapée et soulevée. Elle se débattit sauvagement, mais le bandit n'hésita pas à la plaquer contre le sol, sur le ventre, afin de pouvoir lui attacher les mains. Le plaquage avait été fait avec une telle violence, une telle force, qu'elle était à moitié étourdie.
-Tu es maintenant ma propriété, lança quelqu'un derrière elle, d'une voix moqueuse.
Il l'entendit ensuite crier:
-Jagen, occupe-toi d'elle! Je vais m'occuper du reste des femmes. Après quelques secondes passées à compter les servantes effrayées qui n'osaient pas bouger, il se tourna vers Jagen:
-Je ne vois pas la femme de Zythar!
-Nous avons dû la tuer, elle se débattait comme une possédée avec des couteaux de cuisine et a même tué un de nos hommes, répondit-il juste assez fort pour qu'il puisse entendre la réponse.
Malgré le brouillard de son esprit, Éliana venait de comprendre la discussion, et commençait à lâcher des larmes.
-Non!
Elle se débattit de nouveau, mais ne pouvait pas bouger, coincée entre le sol et les bras puissants d'Aerik.
-Ne bouge pas et il ne te sera fait aucun mal... pour l'instant.
-Non...
Elle se débattait tellement qu'Aerik lui administra un coup sur la tête, pas assez fort pour la tuer mais juste assez pour qu'elle s'évanouisse.


Non loin, un homme, marchant tranquillement, avait entendu la scène. Il réagit promptement et décida d'avancer discrètement, caché dans les broussailles bordant la route.
Petit à petit, il aperçut des formes sur le chemin. Et s'aperçut qu'il s'agissait de caravanes marchandes. Elles s'étaient arrêtées. sûrement pour une pause ou une roue cassée, pensa-t-il d'abord, mais les cris en provenances des caravanes annonçaient tout autre chose.
Curieux, il s'approcha encore, tout en veillant à rester caché, et vit des hommes en gris, achevant leurs ennemis blessés par de nombreuses flèches. Plus loin, il vit une femme, bloquée au sol par un des bandits en gris.
-Désolé... lui dit-il, sachant tout de même qu'elle ne pouvait pas entendre.
L'étranger s'apprêtait à partir, mais son estomac le rappela à l'ordre. Il n'avait pas mangé de la journée, et la chasse était très dure sur ces terres embrumées, alors s'il pouvait se servir dans les «restes»... Ce n'était pas le moyen le plus glorieux, mais ça restait le plus efficace.
Il attendit qu'ils partent, emmenant les femmes, la nourriture ainsi que de nombreuses marchandises avec eux, ainsi que les chevaux des deux caravanes qui contenaient les marchandises, et partirent en vitesse.
L'homme caché dans les broussailles vérifia longuement autour des caravane silencieuses qu'il ne restait rien, et entra, sa dague au poing.
A l'intérieur, de nombreux cadavres de servants et d'hommes armés gisaient par terre, une expression de peur dans leurs yeux.
Heureusement pour l'homme, elle était intacte, et la nourriture entreposée dans les caisses avaient été en grande partie laissée à l'abandon. Ils n'avaient sûrement pas le temps de tout prendre, se disait alors l'homme. Après tout, la patrouille de Rimogenn devait bientôt arriver, lui non plus ne devait pas tarder ici...
Soudain, il s'arrêta de bouger, ayant entendu un bruit. Celui-ci venait d'à travers une portière qui menait à l'avant de la caravane, là où le cocher menait les chevaux.
Il avança avec précaution et entendit plus précisément les bruits, qui s'avéraient être la respiration saccadée d'un homme. Il rangea son arme, conscient qu'il était inoffensif, et se pencha sur le vieil homme qui tenait d'une main une flèche plantée dans sa poitrine.
Il fut surpris en voyant qu'il connaissait cet homme.
-Zythar? C'est bien toi?!
Ne pouvant pas parler sans souffrir, il inclina légèrement la tête vers le bas pour confirmer.
-Ne bouge pas, je vais t'aider.
-I... Inutile.
Comme il avait changé depuis leur dernière rencontre! A cette époque, le vieil homme blessé et avachi qui se tenait devant lui était un jeune idiot, un simple meneur de chevaux qui n'hésitait pas à foncer tête baissée dans les ennuis les plus étonnants. Sans l'homme qui se tenait devant lui, il serait déjà mort depuis très longtemps. Mais aujourd'hui, il arborait des habits riches de commerçant, contrastant avec sa jeunesse pauvre.
-C'est à toi? dit-il en regardant la caravane.
En voyant son vieil ami confirmer, l'homme sourit.
-Les choses... ont beaucoup changé depuis.
Il tenta de rire, mais tout ce qui en sortit ne fut qu'un grognement de douleur suivi d'une gerbe de sang.
-Tu devrais arrêter de parler, dit-il en voyant dans quel piteux état il était. Mais le connaissant bien, et il savait qu'il ne suivrait pas ses conseils.
Soudain, Zythar se rappela d'une chose.
-Ma fille! (Il se tint fermement la flèche, la douleur s'accentuant sous la parole.)Elle est peut-être... vivante. Je l'ai vue passer... devant moi.
L'étranger se remémora la jeune fille en robe qui se débattait dans l'herbe. Ce devait être elle, se dit-il.
-Je crois que je l'ai vue, elle est... (il réfléchit à ce qu'il devait dire)... partie.
-Je t'en prie!
Zythar venait de lui attraper fermement le col de sa veste. Ils se regardèrent longuement, et Zythar comprit, au regard désespéré de son ami, que sa fille était en de mauvaises mains.
-Je t'en supplie... Considère ça comme une dernière volonté... Je m'en moque après tout, mais mets ma fille en sécurité... Je sais que tu en es capable.
Petit à petit, les mouvements de Zythar se firent plus lents, jusqu'à ce que, lentement, il ne bouge plus du tout. Sa poitrine s'était affaissée, laissant échapper un dernier souffle, et ses yeux ciblèrent une dernière fois devant l'étranger, une expression suppliante figée à jamais sur son visage tordu de douleur.

Mise à jour du 17/02/2011


Dernière édition par Revak le Jeu 17 Fév - 21:12, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: [Histoire] Errant   [Histoire] Errant Icon_minitimeMar 24 Aoû - 1:09

Second chapitre




-Avance.
Jagen ne pouvait plus marcher sans que Jagen la pousse, encore étourdie du coup qu'Aerik lui avait donné. Désorientée par sa bosse douloureuse sur la tête et par un bandeau cachant ses yeux encore humides de larmes, elle était parfois projetée dans la bonne direction quand elle allait dans la mauvaise, et était relevée de force quand elle tombait dans les grosses flaques de boue.
À peine réveillée, elle s'était débattue jusqu'à ce que ses forces la quittent, ce qu'il lui avait valu d'être frappée par les bandits. Elle arborait maintenant quelques contusions de couleurs inquiétantes sous sa robe trempée, tachée de boue et déchirée par les coups ainsi que les ronces environnantes, dont les pointes s'enfonçaient vicieusement dans sa peau.
-Où m'emmenez-vous? disait-elle, avant de trébucher sur un caillou.
-Là où tu n'aurais jamais souhaité être.
Ces derniers mots firent écho dans la tête d'Éliana. Mais après tout, elle n'avait plus ni père ni mère, et ne savait même pas où elle était. Elle ne savait pas vraiment ce qu'il pouvait lui arriver de pire. Tout ce qu'elle espérait à l'instant, c'était de s'arrêter.
Après quelques interminables minutes de marches, ils arrivèrent enfin à ce qui semblait être le camp, des bandits.
Elle s'attendait à quelques tentes autour d'un feu, mais s'était largement trompée. la brume environnante ainsi que la position idéale du camp, sur un creux dans la terre, rendait l'endroit quasiment impossible à trouver pour ceux qui n'y étaient pas déjà allé. Des dizaines de tentes se tassait autour d'une place, éclairée par un grand feu autour duquel chantaient et buvaient les bandits.
Peu après leur arrivée, on l'attacha viollement à un poteau par une espèce de laisse métallique autour du cou, et ses quelques servantes survivantes durent subir le même sort. Peu de temps après, elle fut enfin tranquille, ce qui permit à Éliana de réfléchir à tout ce qu'il venait de se passer.
Son père et sa mère venait de mourir, sûrement la proie des corbeaux à l'heure qu'il est. Elle allait passer le reste de sa vie, qui risquait d'être courte, à passer de tentes à tentes, afin de servir les bandits, et elle allait sûrement...
-Allez, bois ça!
Un homme à côté d'elle tenait une cruche remplie de vin et de l'autre, tenait fermement celle de la servante qui était à côté d'elle. Il la forçait à boire une eau saumâtre.
-Fillette?
Fillette? Elle n'était plus si jeune que ça...
-Oh, fillette!
Elle tourna la tête, surprise. Le bandit qui l'avait attrapée, Jagen, tenait une cruche dans une main, et de l'autre un verre, tous deux en terre cuite.
-On m'a donné l'ordre de m'occuper de toi... afin de te rendre présentable au chef.
Il remplit maladroitement le verre et tenta de le porter aux lèvres de la prisonnière, mais elle tourna vivement la tête, et ferma les yeux en attendant de se faire frapper, mais rien ne vint.
Après quelques secondes, elle les rouvrit lentement. Jagen la regarda et sourit en secouant lentement la tête.
-Tu devrais te rendre à l'évidence, et te laisser faire. Je dis ça pour toi... dit-il en faisant un signe de la tête vers la servante qui toussotait encore du liquide immonde qu'on lui avait fait boire.
Il soupira quand il vit Éliana pleurer à nouveau devant lui. Il posa la cruche et le verre et commença à partir, avant de se rappeler:
-Aerik voudra te voir bientôt. J'irai te chercher.
Voyant qu'elle ne répondit pas, ni ne réagissait, il partit après avoir poussé un soupir.

Un peu plus tard, il revint, et la détacha. Elle massa son cou meurtri de douleur, mais fut forcée d'avancer par Jagen qui la poussait légèrement derrière.
Elle avança donc jusqu'à une tente, qui semblait légèrement plus grande et plus décorée que les autres, et elle entra.
L'intérieur était luxueux, du moins pour une tente: de nombreuses peaux d'animaux couvraient la toile et le sol, permettant de préserver une douce chaleur. Seuls un râtelier, un lit, une étagère et quelques objets de valeur meublaient cet endroit. Sur une chaise luxueuse était assis un homme, sirotant une coupe de vin. Elle le reconnut comme étant celui qui l'avait attrapée. Il avait la peau pâle, les cheveux bruns lui tombant jusqu'aux épaules ainsi qu'une fine moustache, et était d'une grande taille. Il était aussi habillé de vêtements luxueux. Sûrement volés à des personnes comme mon père, pensait-elle.


Aerik regardait la jeune fille avec un profond dédain. Sa robe déchirée en certains endroits lui donnaient envie de continuer ce que les ronces avaient commencé, mais il réprima son envie pour mieux observer la fille.
Elle était jeune, presque adulte de l'avis d'Aerik. Ses cheveux bruns tombaient en cascade jusqu'au bas de son dos. Elle était de taille moyenne, et ses yeux...
Ses yeux humides d'un bleu étonnamment clair le fixait, la tête haute.
-Pas mal... Pas mal du tout... Jagen, sors, mais attends devant la tente. Je n'en aurai pas pour très longtemps...
Il sortit en silence, tout en jetant un dernier regard à la jeune fille qu'il avait accompagnée.
-Alors... Comment t'appelles-tu? lui demanda-t-il avant de finir sa coupe.
Elle garda le silence.
-Je vois... Tu sais, je ne dis ça que pour la discussion, mais je te connais, Éliana, la fille unique de deux cadavres pourrissants. Tu sais, ton père est connu dans la région... Enfin, il ne le sera plus très longtemps maintenant.
Il se leva et, lentement, s'approcha d'Éliana. Celle-ci ne bougea pas d'un pouce, quoiqu'elle serrait des poings presque à en trembler, mais elle réprima tout de même son envie de se jeter sur lui quand il fut à portée. Il tourna autour d'elle pendant quelques temps, la regardant de haut en bas avec un œil critique.
-Vraiment... charmante. Oui, tu n'es pas encore domptée, mais tu peux compter sur moi pour régler ce petit défaut. Jagen!
Ce dernier entra dans la tente presque instantanément après avoir entendu son nom. Aerik lui chuchota à l'oreille.
-En attendant, tu la mettra avec les miennes. lui dit-il après. Il se tourna ensuite vers Éliana. Profite de tes quelques moments de répit, car tu ne tarderas pas à me servir...
Ces derniers mots firent grimacer Éliana, qui se hâta de sortir de la tente quand Jagen lui fit signe.
Il la mena à travers le camp, jusque devant une espèce d'enclos fait de solides pieux de bois, hauts comme deux hommes.
-C'est ici que tu vivras, à présent... Et je te suggère de ne pas tenter de fuir, comme ces prisonniers-là, par exemple.
Jagen montrait du doigt une estrade sur laquelle était placée divers instruments de torture et, avec, leurs récents utilisateurs. Des personnes étaient noyées dans des bacs d'eau, d'autre étaient «écrasées» dans du charbon ardent tandis que des corps, empalés un peu plus loin sur des pieux, pourrissaient ou se faisaient dévorer par les corbeaux voraces. Éliana aurait juré avoir vu encore bouger l'un d'eux.
Prise de haut-le-cœur, Éliana tourna vivement la tête dans une autre direction. Elle regarda Jagen d'un œil implorant, mais celui-ci ne la regarda même pas.
-Allez, rentre.
Elle aurait voulu pleurer, mais elle n'en avait plus la force. Elle entra dans l'enclos, à petits pas.


Jagen la regarda entrer, et, en soupirant, repartit vers la tente d'Aerik. Arrivé à l'intérieur, il fit un signe à ce dernier, qui engagea la conversation.
-Te voilà de retour... Elle est pas mal, hein?
-Oui, oui... Mais tu m'étonnes. D'habitude tu t'occupes souvent très vite du «nouvel arrivage»...
-Tu sais, Jagen, les femmes, c'est comme le vin: il faut savoir attendre avant de déguster. Je préfère attendre qu'elle ait abandonné tout espoir avant de m'en occuper. Vu le nombre de fois où je peux profiter d'un «nouvel arrivage», comme tu dis, je ne vais pas le gâcher aussi vite, hein?
Les gardes, postés à l'entrée de la tente, ricanèrent discrètement, mais Jagen, qui pensait à tout autre chose, ne réagit pas du tout.
-Jagen, depuis quelques temps, je te trouve plus... distant que d'habitude. Tu sais, tu peux me faire confiance, si jamais tu as un problème.
Il fallut quelques longues secondes à Jagen avant de pouvoir trouver une réponse adéquate.
-Pour tout te dire, je crois que tout ce gris autour de nous déteint sur moi. Je me sens vieux et las, Aerik...
-Nous ne sommes plus tout jeunes, c'est vrai... Tu veux un verre?
Aerik n'attendit pas la réponse de Jagen pour aller chercher une nouvelle coupe et une bouteille.
-Tout droit sorti des caves Orleniannes. Nous l'avons prise dans le même convoi qu'elle.
Jagen ne put s'empêcher de repenser à Éliana, qui devait attendre dans l'enclos, avec les autres propriétés privées d'Aerik.
Il but lentement le liquide noir aux reflets rougeâtres. Le vin semblait bon de l'avis d'Aerik, mais il n'eut qu'un goût d'acide quand il traversa la gorge de Jagen.
-Ah, Orlenia... Si le «travail» ne me retenait pas ici, je crois que j'y retournerais. Tu t'en souviens?
-Je ne crois pas pouvoir oublier cela.
Jagen et Aerik étaient de vieux amis, et c'était sur l'île d'Orlenia qu'ils s'étaient rencontrés. Tous deux avaient été enrôlés de force dans la guerre pour le contrôle de cette île entre la république de Jeldaria et l'empire du désert, Elaria. Jagen ne pouvait pas oublier, surtout quand, après la guerre, aucun d'eux n'eut droit à d'autre récompense que celle de partir sans discuter. Aucun n'avait été payé, récompensé, ou même remercié, alors que nombre d'entre eux étaient morts ou avaient passé des années à servir leur pays.
C'était pour ça qu'ils se retrouvaient là.
-Mais nous ne pouvons plus retourner en arrière, pas vrai? Ça m'étonnerait un peu que le gouvernement nous rende ce qu'il nous doit, maintenant...
-Oui, je ne crois même pas qu'il se souvienne de nous, l'État...
-...Mais au final, nous le lui avons fait payer.
Jagen ne répondit pas. Il ne regarda même pas son vieil ami.
-Je dois y aller.
-Jagen, attends. Tu as beaucoup changé depuis quelques temps. Je sais que cette vie n'est pas la meilleure de toutes, mais ne fait pas de choses que tu pourrais regretter ensuite.
Aerik lui fit un signe avec sa main gauche pour lui dire de partir, et de l'autre, but d'une traite son verre, pour le remplir à nouveau.
Quelques minutes passèrent, durant lesquelles Aerik put se plonger dans ses pensées. Jagen avait complètement changé depuis leur arrivée sur ces terres. Le gaillard rieur qui l'accompagnait n'était plus qu'une ombre. Il exécutait toujours ses ordres sans rechigner, mais il craignait qu'il change subitement d'avis. De plus, il avait une grande influence dans le groupe, ce qui pouvait amener ses hommes à se poser des questions. C'est en tous cas ce qu'il pensait, et il ne voulait pas risquer sa vie, qu'importe les sacrifices. Il devait trouver un moyen de se débarrasser de lui, d'une façon ou d'une autre.

Mise à jour du 17/02/2011
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